MAYBE ONE DAY ...
Maman,

Cela fait aujourd'hui, quinze années que tu nous as quittés. Le temps passe si vite, et je suis moi même à la place que tu as occupé jusqu'à mes dix printemps. J'en veux à ce chauffard de t'avoir ôté la vie, parce qu'il avait fait trop la fête, mais je lui en veux de m'enlever la personne à qui j'aurais pu demander des conseils sur la façon dont je gères ma vie, et celle de mon fils.
Papa n'a pas bien encaissé ta disparition, et quand il a commencé à me négliger pour se noyer dans son propre chagrin aux effluves de whisky, j'ai du apprendre à grandir toute seule. Et peut être que c'est pour cela que j'ai voulu faire plus que mon jeune âge ne m'autorisait à l'époque. Me réfugiant dans la musique, et apprenant à jouer de la guitare, à entretenir ce que tu m'avais enseigné de piano. C'était le rêve de chaque gamines du coin de se faire repérer, de devenir le prochain phénomène. Et je me souviens, j'avais quinze ans, quand cela m'est arrivé. Je jouais dans la rue quand un producteur m'a repéré, m'a proposé d'enregistrer mon album. Papa ne se souciait plus assez de moi, pour s'inquièter de me voir intégrer ce genre d'univers si jeune. Et j'ai alors brûlé la chandelle par les deux bouts rapidement, les hommes, la drogue, l'alcool. Tout était si à portée et mon innocence m'a joué préjudice. Perdre sa virginité complètement défoncé sur le siège d'une banquette arrière d'une voiture quelconque avec un type dont on se souvient plus du visage. On pourrait dire que la leçon m'avait servi, mais c'est une aventure d'un soir alors que j'avais dix neuf ans, et que j'avais décidé de reprendre mes études, de quitter ce monde de paillettes qui me laissa dans la situation précaire de mère célibataire. J'avais dix sept ans quand mon meilleur ami m'a remané sur le droit chemin, m'expliquant que je bousillais mon existence mais ce n'était pas pour autant que j'avais cessé de courir après les hommes à l'époque. Je me suis beaucoup plus calmé dorénavant, avoir un enfant n'aide pas à mener une vie particulièrement débridée j'avoue.
Mais à dix neuf ans, j'ai appris que j'étais enceinte, et cela a radicalement changé mon existence, mon fils est devenu mon univers. Je ne conseilles à personne de mener le genre de vie que je menais, mais je ne peux regretter un seul instant la prunelle de mes yeux. Je donnerais mon existence pour lui, et je fais tout pour le protéger, même si ce n'est pas forcément évident de gérer cela toute seule. Mais j'ai des soutiens sur lesquels comptés comme mes amis, qui n'hésitent pas à baby sitter à l'occasion.
J'ai repris mes études entre deux, et dorénavant, je m'occupes de produire des jeunes talents, de les encadrer comme je ne l'ai pas été moi même, des les protéger de ce monde de paillettes, mais j'avoue par moment, la chanson me manque mais ce n'est pas comme ci je pouvais véritablement refaire une carrière, pas alors que j'ai mon fils. Vivre sur les routes avec moi n'est pas quelque chose que je peux lui imposer, et que je ne désirerais pas lui imposer. Je veux lui offrir la meilleure vie possible même si évidemment la question de son père revient par moment à la surface. Et même si je sais qui il est, je ne l'ai jamais considéré comme le père de mon enfant, et je ne lui ai même jamais dit parce que je sais bien que ce n'était qu'une erreur. Le père qu'il aura sera probablement, celui qui l'élèvera à mes côtés et pour le moment, ce qui se rapproche le plus d'une image paternelle pour lui, c'est mon meilleur ami qui m'aide là ou je ne peux pas vraiment lui offrir la figure paternel dont il a besoin.