25 Décembre 1988, naissance de Woody.
Le calme complet, l'apaisement d'un monde inconnu, mais pourtant réel. J'étais moi, mais moi n'était pas encore ce que j'étais. J'étais dans une bulle, un cocon, une protection m'entourait, mais je la sentais se casser, se défaire. J'allais tomber je le savais, je n'en avais plus pour très longtemps. Ça bougeait autour de moi ou plutôt c'est moi qui bougeai, c'était très étrange toutes ces sensations. Je me sentais poussé hors de mon nid, mais je résistai, je m'accrochai de peur de ne plus être dans mon cocon tout chaud. Et soudain la pression qu'on exerçait sur moi se relâcha. Mais on me ne laissa pas tranquille pour autant, on m'embêtait encore et cette fois on m'attrapa. Je cris, je n'arrivai plus à respirer, je m'étouffai, j'avais besoin d'aide, j'avais besoin de ma bulle, mais elle n'était plus là. D'un seul coup, l'air entre dans mon corps, cela me faisait terriblement mal, mais je n'avais pas le choix, on ne me laissa pas le choix. Puis vient une lumière qui m'aveugla, moi qui ai toujours vécu dans le noir voilà quelque chose de blanc, de clair et puis des couleurs, des visages étaient autour de moi, on me regardait, je ne savais pas où j'étais, j'avais peur. Perdu, voilà le mot qui me définissait, je ne savais que faire ni quoi penser, tout ce que je voulais c'est qu'on me laisse en paix et dormir. Quelque chose de chaud m'entoura, je ne voyais pas ce que s'était. Brusquement je ne voyais plus rien, cela faisait trop mal. Je me mise à pleurer et j'entendis d'autres crises de larmes, je n'étais pas seule, ma mère était là, celle qui m'avait accompagné pendant ma formation. Soudain je l'entendis, la voix qui m'était tant familière, que j'ai écouté pendant neuf mois. Et maintenant je compris, j'étais enfin moi.
2 Septembre 1991, premier jour d’école.
Aujourd'hui c'était le grand jour, j'allais enfin à l'école pour la première fois de ma vie. J'allais quitter ma mère pour aller avec des inconnus. Je me préparai ou plutôt, maman me préparait pour que je sois toute jolie et bien coiffé. Quand elle eut fini je me retournai vers ma mère, celle qui a toujours était là pour moi, je lui sautai dans les bras et murmurai-je.
- J'ai peur d'aller là-bas, je ne veux pas qu'on soit séparé...Je vouai un culte inestimable à ma mère. Je me sentais énormément proche d'elle et je n'avais jamais été séparé d'elle. Enfin nous partîmes tous ensemble pour l'école et je deviens de plus en plus nerveuse. Je pris la main de ma mère dans la mienne et je la serrai fortement ce qui me rassura. Quand nous arrivâmes à l'établissement je me mise à pleurer en m'accrochant désespérément à ma mère. Je ne voulais pas me séparer d'elle. Bien qu'elle tentait de me calmer et de me rassurer comme elle le pouvait, rien n'y faisait, je restai inconsolable. Au bout d'une dizaine de minutes, voyant que je n'étais pas près de laisser ma mère repartir sans moi, une dame me prit de force et m'emmena dans la classe. Ce fut une déchirure pour moi...
1 Juin 1999, chez les Carlson.
- Traînée, Salope ! Tu ne sers à rien ! Encore une fois les cris retentissaient chez moi. Mon père avait trop bu, comme à son habitude. Depuis mon plus lointain souvenir, ma famille avait toujours été comme cela. Violence, Alcool, Insulte, Viol. L'homme que je me devais d'appeler père ne m'avait jamais touché puisque ma mère avait toujours été là, mais pas cette fois. Cette fois elle était partie sans moi, elle avait fait ses bagages dans la journée. Je n'étais pas là quand elle était partie, mais je l'avais découvert après mon retour de l'école. Elle était partie, comme mon frère aîné deux ans plutôt. Je me retrouvai seule avec mon père et ma jumelle, je ne pouvais partir, je n'avais que treize ans. Pourtant j'aurais du mais j'avais trop peur de l'inconnu, trop peur de ce qu'il pourrait m'arriver dans la rue, toute seule. Alors cette fois c'est moi qui subit, c'est moi qui subit les coups, les insultes, le viol, l'humiliation. Ce jour-là, le premier juin, je m'en rappellerai toute ma vie, car ce jour-là fut le début de ma descente aux enfers.
2 Septembre 2002, premier jour au lycée
C'était la première fois que ma jumelle et moi n'étions pas dans la même classe. Nous avions toujours passé notre scolarité ensemble mais là, nous n'avions pas choisie les mêmes filières. Je ne me voyais pas suivre mes cours sans elle, mais je ne pouvais pas abandonner les études que j'avais toujours rêvé... Que devais-je faire ? Je regardai ma soeur qui, elle, ne semblait pas affolée. Étais-je plus sensible qu'elle ? Peut-être étais-je trop attaché à elle. Je ne savais vraiment pas quoi faire. Après plusieurs jours de réflexions, j'avais pu prendre ma décision.. J'allais rejoindre ma soeur dans ses études, qui à vrai dire, ne m'intéressai pas du tout. Je ne savais pas que, des années après, je lui reprocherai mon changement de filière...
14 Août 2004, Woody a alors dix-huit ans
Des cris de douleur, de peur, puis plus rien. Le calme complet. Je venais d'ouvrir la porte de ma maison et je savais que n'étais pas là, mon père avait violenté ma soeur. Il ne l'avait jamais touché puisque ma jumelle avait depuis sa naissance une santé fragile, elle était atteinte de la leucémie. De plus son corps était faible, on avait l'impression qu'elle n'avait que la peau sur les os. J'avais toujours pris soin d'elle, elle avait besoin de moi. En monta les escaliers qui menaient à la chambre d'Hannah je vis du sang au sol, beaucoup trop de sang. Quand j'entrai dans la pièce je vis ma soeur allongée au sol, mon père une bouteille à moitié brisé à la main. Elle était morte.
Après cela je pris mes clics et mes clacs puis parti vivre chez Maxence.
***
"Cher journal,
Bien des choses se sont passés depuis que j'ai emménagé chez Maxence, j'ai vécu cinq ans avec lui mais tout ne s'est pas passé comme prévu. J'ai rencontré un homme, Mael, j'étais folle amoureuse de lui mais pourtant j'ai tout gâché, je l'ai trompé avec Maxence, quelle idiote je suis ! Pourtant cela faisait sept mois que nous étions ensemble et j'ai tout gâché... Au lieu de rester avec Maxence j'ai préféré m'envoler pour Paris afin de réfléchir, sur ma vie, mes choses, prendre du recule...
Après quelques moi je suis revenu, j'avais pris ma décision, je ne pouvais vivre sans Mael et j'allais tout faire pour le récupérer...