C'est drôle, on dit toujours que lorsqu'on est sur le point de mourir, on voit sa vie entière défilait devant ses yeux. Je me suis toujours demandé si c'était la vérité ou juste un truc qu'on dit, mais alors que je ressens cette douleur violente déchiré mes entrailles, je suis sur le point de le découvrir. Cet état étrange où la douleur finit par se fondre doucement alors qu'un nuage de ténèbres commence à assombrir la clarté de mon regard. Tous ses visages qui me tiennent à coeur affichant leur plus beau sourire devant ma vision trouble.

Soudain, je me retrouves dans un jardin, je clignes des yeux avec difficulté, j'essaye de me remémorer d'où je connais l'endroit. Un rire clair et joyeux me parvient, et je me retournes pour découvrir deux petites silhouettes. Une beaucoup plus frêle que l'autre, et subitement, je me retrouves propulsé plusieurs années en arrière. Le jardin de la maison de mes grands parents, et ce jour où je suis tombé de vélo alors que mon grand frère essayait de m'apprendre à l'utiliser sans les roulettes. J'avais pleuré toutes les larmes de mon petit corps avant que mon grand frère ne parviennent à me distraire en se mettant à faire le clown, pour me divertir. Je vois parfaitement le petit garçon de cinq ans que je suis, et qui regarde Sean alors à peine un adolescent comme ci c'était la personne la plus précieuse de son existence, un large sourire ayant trouvé son chemin au creux de mon visage humide. C'est la parfaite traduction de ma vie après tout, j'étais encore trop jeune quand nos parents sont morts pour m'en souvenir, ou pour même ressentir la peine de les avoir perdu. Le manque ne se faisait pas encore ressentir parce que j'avais Sean, parce que j'avais mes grands parents, même si ces derniers n'avaient pas la même place dans mon coeur. Ils étaient gentils, mais usés et dévastés par leurs pertes. Sean, quand à lui, se tenait à mes côtés, pour me prendre la main et me guider. Je savais que à cet âge là, alors que je n'étais qu'un enfant, mon frère avait une place de héros dans ma vie. Je voulais toujours l'imiter, ou le suivre. J'avais du mal à me décoller de lui, j'étais un gamin un peu timide en plus, ce qui n'arrangeait pas vraiment mes affaires. J'étais toujours scotché à lui, et jamais il ne me le reprochait ou essayer de se débarasser de moi.

Un flash brillant devant mes yeux, et la scène se floutte pour changer, je me retrouves dans les couloirs de mon lycée, gamin un peu trop grand et n'ayant pas encore acquéri les muscles comblant la silhouette un peu trop grand. Maladroit mais souriant, je referme la porte de mon casier et pose mon regard sur la jolie fille se trouvant dans mon champ de vision. Elle est populaire, deux ans de plus que moi mais je sais que mon coeur bat un peu trop rapidement chaque fois que je la vois. Je m'en souviens parfaitement Riley Emerson était mon premier coup de foudre et le jour où elle est venue me parler à été un peu comme un rêve. J'ai vite déchantée pourtant en comprenant qu'elle ne m'approchait pas pour moi mais parce qu'elle m'avait vu à de nombreuses reprises avec mon grand frère. Le Don Juan de ses dames, déjà bien trop vieux pour le lycée et elle me demande si il est célibataire et tout recommence. Ce n'est pas la première fois qu'une fille m'approche pour mon frère, mais c'est la première fois que je me retrouves avec le coeur brisé à cause de cela. Je me souviens d'avoir pour la première fois, refusé de parler à mon frère pendant toute une semaine. Jusqu'à ce que je comprennes que cette fille ne fallait pas la peine, que je renonce à la relation précieuse que j'entretenais avec mon ainé, et puis, ce n'était pas comme ci, il s'était intéressé à elle à son tour. J'avais fini par laisser tout cela dans un coin de mon esprit, et continuer ma vie, un an plus tard, j'avais finalement ma première petite amie, j'avais alors seize ans, et je resterais avec elle, jusqu'à la fin du lycée. Contrairement à tous les hommes de la famille Carter, je n'avais pas eu le besoin de devenir flic, j'aimais mon frère mais il était temps pour moi de me démarquer, et de ne plus vivre dans son ombre constante, je décidais donc d'aller à la fac et de commencer des études de droit.

Nouveau changement de scène, et les couloirs du lycée se morphent en ceux de la fac, et devant mes yeux, j'aperçois Lara, un sourire tendre et presque innée se mue sur mes lèvres. J'étais déjà sous le charme avant de m'en apercevoir, nous avions à peine entamé la discussion depuis un peu plus de dix minutes, que j'avais les mains moites et le désir de la revoir. Il m'avait fallu toute une semaine pour rassembler mon courage et l'inviter à sortir avec moi. J'avais été surpris qu'elle accepte, mais très heureux. Les choses entre nous, avaient été si simples, si évidentes que je me voyais déjà l'épouser, pourtant avec le recul, j'avais fini par prendre conscience tout comme elle, que même si nous tenions fortement l'un à l'autre, que nous nous aimions, on ne s'aimait pas comme chacun de nous en rêver secrètement. Nous étions des amis, et nous avions juste pris le chemin facile du confort de cette relation. Si j'ai eu mal de cette rupture, c'est parce que j'avais peur. Peur que si une fille comme Lara ne pouvait pas être la bonne, alors j'avais encore pas mal de choses à apprendre sur les choses de l'amour. Je me suis jeté dans un marathon de premier rendez vous raté après coup mais au final, je me suis dit que je ne pouvais pas forcé le destin. J'avais un peu mal parce que je n'arrivais pas à revoir Lara, non plus. Peut être par peur de me rendre compte que les choses seraient étranges entre nous, comment faire la transition facilement après tout. Alors, j'avais continué ma vie, mes études mais j'espérais vraiment un jour pouvoir retrouver son amitié.

Nouveau flou, nouveau lieu et de nouveau le visage de Lara. Nous avions fini par passer outre les conséquences, nous avions fini par nous retrouver, il y a une semaine de cela, les choses que j'appréhendais n'avait finalement pas eu lieu, et nous avions repris notre conversation comme ci, nous n'avions jamais mis de distance. Je crois qu'au fond, je le savais et c'est ce que j'appréhendais le plus, constaté que tout était normal entre nous, la confirmation qu'elle n'avait jamais été la bonne pour moi. J'avais eu besoin de me raccrocher à notre histoire, parce qu'au final, j'avais peur de finir tout seul, surtout depuis que mon frère avait commencé à fréquenter une jeune femme de manière régulière. Je pouvais comprendre son intérêt Emma était jolie mais en plus, elle avait un sacré caractère. Pour être clair, exactement le genre de filles qui pourrait arriver à passer outre les conneries que mon frère pouvait faire, qui pourrait le faire changer. J'étais heureux pour lui, pour eux, mais un peu jaloux, et soudain, ce sentiment semblait un peu stupide, j'étais après tout encore jeune, et j'avais encore quelques années avant de me dire que je finirais par finir mon existence seul si je n'étais pas capable d'aimer passionnément une femme telle que Lara. Je n'avais pas rencontré celle faite pour moi, encore.

Mais est-ce que j'en aurais l'occasion, voilà la seule pensée qui me traversait l'esprit alors que je me sentais partir tout doucement, que mon corps se déconnectait doucement mais surement de la réalité, que je me trouvais dans des ténèbres angoissantes. Pourquoi avais je eu besoin de faire un crochet par le centre commercial, pourquoi avait il fallu que je choississes de faire l'idiot et de tenter de résonner des gens qui ne cherchait pas à l'être, que je cherches la voix diplomate, mon frère m'aurait probablement donné une bonne claque derrière la tête pour ce genre d'imbécilité. Je me rappellais avec angoisse du son terrifiant d'une arme à feu, de la douleur me traversant et puis plus rien sauf ses souvenirs sans queue ni tête. Est-ce que c'était la fin pour moi ? Est-ce que ma dernière heure était arrivée ? Et soudain, je culpabilisais parce que je n'avais pas pris le temps de rendre à Sean, tout ce qu'il avait pu faire pour moi, de dire à Lara que je ne voulais pas perdre son amitié pour rien au monde, pleins de petits riens sans aucun sens, que je n'aurais peut être pas l'occasion de faire, plus jamais. Le noir et juste le besoin de les remercier d'avoir été dans mon existence.